Dans un match qui n’a connu aucun fait notable sur le terrain, le derby marocain entre les deux géants du football local, le Raja et le Wydad, s’est achevé sur un score vierge (0-0), mais c’est bien dans les tribunes que l’un des moments les plus marquants s’est joué.
En effet, au cœur de l’ambiance bouillante du stade, trois supporters ont attiré tous les regards : ils arboraient fièrement le maillot du Mouloudia Club d’Alger (MCA). Une présence aussi inattendue que symbolique, rapidement relayée sur les réseaux sociaux et saluée par des milliers d’internautes, fascinés et intrigués par cette touche au milieu d’une rivalité historique outre frontières algériennes.
Voir cette publication sur Instagram
Le trio arborant le maillot du Doyen des clubs algériens était aperçu dans le camp des aigles verts. S’il est difficile de se prononcer sur la nationalité de ces trois supporters, cet élément est néanmoins bien loin d’être anodin.
Voir cette publication sur Instagram
Le Raja Club Athletic, le plus algérien des clubs Marocains
Pour faire simple, il convient de dire que l’histoire du Raja est une histoire maghrébine, tissée d’amitiés, de stratégies juridiques et d’un héritage partagé qui continue de parler aux supporters des deux rives. Revenons maintenant aux archives pour comprendre cette présence qui semble anodine. Le Raja Club Athletic, né dans le quartier populaire de Derb Sultan le 20 mars 1949, affiche depuis sa création des liens remarquables avec l’Algérie.
Au cœur de cette histoire se trouve Hajji Ben Abadji, un marchand algérien originaire de Tlemcen, devenu, en 1949, le premier président du club. À l’époque, sa double nationalité, algérienne et française, permit aux fondateurs de contourner la législation coloniale qui empêchait alors un Marocain d’occuper la présidence d’un club local. Ce geste, d’abord pragmatique, symbolise aussi l’héritage transfrontalier du club avec l’Algérie. Pour l’histoire, Ben Abadji reste à ce jour l’unique président non-marocain du Raja.
Au fil des décennies, le Raja a entretenu des échanges humains et symboliques avec l’Algérie : supporters, racines, et une culture populaire uniques. Récemment, les fans des Aigles ont subi quelques restrictions dans les gradins à cause d’un tifo arborant le drapeau algérien, ainsi qu’une chanson, devenue depuis populaire, dans laquelle les Rajaouis scandent leur passion pour l’Algérie.
Ces passerelles expliquent pourquoi ce club mondial est perçu comme un lieu de rencontre entre les supporters.
LIRE AUSSI : Après la défaite face aux féminines de l’Algérie, le Cameroun réclame la démission de Samuel Eto’o
